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vendredi 29 mars 2024

Circuit auto-moto du Mas du Clos (Creuse) : réouverture en Septembre, un nouvel épisode de la « saga Bardinon »

Fermé au public depuis 10 ans, le mythique circuit automobile du Mas du Clos, créé par Pierre Bardinon en 1963 à Saint-Avit-de-Tardes (Creuse), va bientôt ré-ouvrir ses portes. Sous l’impulsion de son petit-fils, Alexandre, le projet avance vite et le circuit devrait rouvrir en Septembre 2022, après des travaux de remise aux normes.

Pierre Bardinon fut un homme d’affaire prospère : héritier de l’entreprise familiale de cuir Chapal, il a su la faire prospérer entre les années 60 et 80 avec notamment la construction d’un nouveau site de production à Crocq, la confection du « Chapalac », blouson au look sportif qui conquiert le show-business dans les années 70, et un contrat de fabrication pour les cuirs et fourrures de la maison Christian Dior.

Fan de sport automobile, Pierre Bardinon a mobilisé une partie de sa fortune pour assouvir sa passion en faisant construire, en 1963, un magnifique circuit automobile sur le domaine du château familial de Saint-Avit-de-Tardes à une dizaine de kilomètres d’Aubusson. Durant une trentaine d’années, les constructeurs, écuries et clubs automobiles de prestige viendront en Creuse pour essayer leurs voitures de course sur les 3 kilomètres d’asphalte du circuit technique du Mas du Clos.

Tracé du circuit automobile du Mas du Clos en 2004 –

Pierre Bardinon doit aussi sa renommée à sa collection d’une soixantaine de modèles de Ferraris, et notamment la Ferrari GTO 1964, produite en seulement 36 exemplaires et considérée comme la « Joconde des Ferraris », que Pierre Bardinon avait acheté pour environ 1500 dollars !

Fermeture administrative, querelles d’héritage, exploitation privée

Au début des années 2000, le circuit du Mas du Clos ne répond plus aux normes de sécurité imposées par les autorités pour conserver son homologation par la Fédération Française du Sport Automobile. La fermeture définitive est prononcée en 2011 et c’est un coup dur pour la famille Bardinon et les acteurs du tourisme local.

D’autant que Pierre Bardinon décède en 2012, à l’age de 81 ans, en laissant à ses héritiers une collection de Ferraris estimée à quelques 200 millions d’euros. Mais face à un tel pactole, la famille se divise, notamment autour de la pièce maitresse, la Ferrari GTO 1964, vendue pour 48 millions d’euros par Patrick Bardinon à un collectionneur asiatique avant de réintégrer la succession 7 années plus tard sur décision du tribunal de Limoges.

Ferrari 250 GTO – © Motohide Miwa

Après ses déboires judiciaires, Patrick Bardinon, ancien pilote de F3/F2, exploitera le circuit du Mas du Clos de manière privée avec notamment le tournage de plusieurs films dont l’adaptation au cinéma de la plus célèbre des bandes-dessinées consacrées au sport automobile : Michel Vaillant (2003).

Alexandre Bardinon, pilote de F3 et entrepreneur, dans les pas de son grand-père

Biberonné au son des moteurs, Alexandre Bardinon a, lui aussi, le sport automobile dans la peau. Pilote confirmé, il court depuis 2018 et a recréé une équipe automobile, la « Mas du Clos Racing », comme au temps de son grand-père. Fin 2021, il se lance le pari fou de faire revivre le circuit automobile créé il y’a bientôt 40 ans par son Pierre Bardinon.

En travaillant en lien étroit avec les autorités de la préfecture et du département de la Creuse, il entame un grand chantier de rénovation avec la mise au norme du circuit, le changement des glissières de sécurité et l’installation d’un équipement technique moderne (caméras, panneaux électroniques). Ces améliorations devraient permettre d’obtenir à nouveau l’homologation du circuit et de le ré-ouvrir pour les clubs et les professionnels du sport auto ainsi que pour les amateurs en quête de sensations fortes.

Travaux pour améliorer le dégagement de certains virages – © Mas du Clos

La réouverture prochaine de l’emblématique circuit du Mas du Clos est porteur d’espoir pour les collectivités et les commerces locaux car à la « grande époque » il générait un afflux touristique, avec une clientèle à fort pouvoir d’achat, de l’ordre de 8000 nuitées annuelles ; une manne bienvenue pour soutenir l’activité et l’attractivité du territoire. Tous espèrent donc que le « retour aux affaires » des Bardinon permettrait de redonner un bon coup de « boost » dans ce coin de campagne creusoise.

Si les amateurs de pilotage auto et moto de la région sont impatients de venir s’essayer sur le mythique circuit du Mas du Clos, les proches riverains ne sont pas vraiment enchantés à l’idée de ré-entendre « chanter les moteurs » dans les environs. Pour satisfaire tout le monde, on peut peut-être rêver qu’un jour on verra filer des bolides électriques à grande vitesse sur le circuit creusois sans pour autant couvrir le chant des oiseaux.

Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site du Mas du Clos ou sur la page Facebook du circuit.

Brice Milbergue
Brice Milbergue
Rédacteur en chef d'Actus Limousin

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