Au Château de Pompadour, la cohabitation réussie entre l’histoire et les chevaux

Au cœur de la Corrèze, se dresse le château de Pompadour, berceau d’une passion équestre qui rayonne aujourd’hui dans le monde entier. Ici, patrimoine historique et excellence hippique galopent côte à côte en parfaite harmonie.

Une forteresse qui monte en selle au Moyen-Âge

L’histoire commence en 1028 quand Guy de Lastour s’installe sur cette route stratégique entre Limoges et le vignoble du Bas-Limousin. Les Lastours demeurent maîtres de Pompadour jusqu’au XIIe siècle, avant que l’éclatement de leur lignage ne conduise à une gestion partagée par plusieurs co-seigneurs. Après quelques changements de propriétaires, c’est les Hélie qui s’imposent comme maîtres des lieux. Ils finissent par adopter le nom de Pompadour au XVe siècle, et obtiennent en 1614 le titre de Marquis.

Le château prend sa forme actuelle vers 1500-1510 : quatre ailes autour d’une cour, du style flamboyant qui fait fureur à l’époque. Cette réalisation développe ses prouesses sculptées dans un matériau calcaire importé à grands frais. L’ensemble est complété quelques décennies plus tard par des écuries voûtées qui nous sont parvenues intactes. Un détail qui a son importance pour la suite !

La façade actuelle du Château de Pompadour © Juliette Jouve Soler

Une marquise qui n’a jamais mis les pieds à Pompadour !

À la suite de difficultés successorales, le marquisat revient à Louis XV. Le château n’est alors plus habité par ses seigneurs. Entre 1745 et 1760, Louis XV offre le domaine à sa favorite, Jeanne-Antoinette Poisson, devenue marquise de Pompadour. Ironie de l’histoire : elle qui a donné sa célébrité au lieu ne l’aura probablement jamais visité ! Elle tente bien un élevage équin vers 1750, mais c’est un échec. Heureusement, le roi récupère le château et crée en 1764 un haras qui prospère jusqu’à la Révolution, dans cette province du Limousin renommée pour l’élevage des chevaux.

Révolution… puis renaissance

1791—1794 : la Révolution fait des dégâts. Le château est saccagé, une bonne partie est détruite. Il ne reste aujourd’hui que la cave voûtée souterraine et la galerie ouest en pierre calcaire. Mais les écuries, elles, survivent ! Et c’est tant mieux, car Napoléon a besoin de chevaux pour ses campagnes. Le haras reprend du service dès 1801.

Les écuries voutées du château de Pompadour ont survécu à la Révolution © Juliette Jouve Soler

Les trésors du château à découvrir

La visite de l’intérieur du château réserve de nombreuses surprises. Dans le salon, outre les somptueux costumes et la magnifique porcelaine, on peut observer des tapisseries verdures d’Aubusson, caractérisées par un décor composé de feuillages en dégradé de vert bleuté. Quatre fauteuils de style Louis XIV, dont l’assise est réalisée en crin végétal et en crin de cheval brodé, retiennent également l’attention. Ces sièges d’époque, d’une finesse remarquable, illustrent chacun une célèbre fable de La Fontaine.

© Juliette Jouve Soler
Tapisseries d’Aubusson et fauteuils en crin brodé illustrant les fables de La Fontaine © Juliette Jouve Soler

La chambre de la marquise propose une reconstitution très inspirée de Versailles. On y trouve un lit en alcôve qui permettait de conserver la chaleur, avec une harmonie des couleurs entre la décoration et la garde-robe. Le vestibule expose une série de six gravures originales qui représentent les grands amis de la marquise de Pompadour, protectrice des arts et des philosophes des Lumières. La bibliothèque, réalisée sur mesure en 1865, rassemble une considérable richesse d’ouvrages aux reliures cuir sur le patrimoine équestre, et témoigne de la vocation continue du lieu.

Robe de bal et lit à baldaquin dans la « chambre de la Marquise » / Les jardins du château sont entretenus par les bénévoles © Juliette Jouve Soler

Le parc du château abrite 70 essences différentes, entretenues par les bénévoles et les résidents du foyer de vie local. Le clou du spectacle ? Un cèdre de l’Atlas de 5,70 mètres de circonférence, visible dès l’entrée.

Pompadour, toujours la Capitale française du cheval

Aujourd’hui, Pompadour continue à rayonner dans le monde équestre. Le village (son nom exact est Arnac-Pompadour), situé entre Brive-la-Gaillarde et Limoges, est LA référence du cheval en Nouvelle-Aquitaine. C’est ici qu’est née la race anglo-arabe, ce subtil mélange entre la vitesse du pur-sang anglais et l’endurance du pur-sang arabe. « Nous sommes le dernier haras de France disposant d’un élevage national encore en activité », explique Justine Picton, coordinatrice du site.

Située à 2 km du château de Pompadour, la jumenterie du Domaine de Chignac est l’unique élévage national de chevaux © Malika Turin / terredecorreze.com

Depuis 2019, l’association Scènes de Manège gère ce patrimoine IFCE (Institut français du Cheval et de l’Équitation) avec trois employés permanents et des saisonniers. « Ce sont des bénévoles qui entretiennent le parc, l’intérieur du château, les mises en place d’événements », précise Justine Picton. Ce que confirme une bénévole croisée dans les allées : « Chacun d’entre nous aide en fonction de son domaine de prédilection. Par exemple, je participe aux spectacles costumés, et je confectionne des éléments de décor. »

Un agenda bien rempli

Le calendrier de Pompadour ne chôme pas : au minimum 160 dates d’animation équestre par an ! Au programme : la Grande Semaine de Pompadour en septembre, le festival du cheval arabe fin juillet, et les fameuses courses du 15 août. Tout l’été, les spectacles équestres illuminent les terrasses du château avec la compagnie Hasta Luego, originaire de Nîmes, qui vient en résidence pour créer des spectacles qui tourneront ensuite dans le monde entier. Les « Soirées de la Marquise » proposent du théâtre historique, tandis que les « dîners équestres » mélangent dressage, voltige et gastronomie.

On le voit, Pompadour réussit le pari de faire cohabiter mémoire historique et modernité équestre. De la forteresse médiévale au haras national, la Cité a su traverser les siècles sans perdre son âme. Un patrimoine vivant qui mérite le détour, que vous soyez passionné d’histoire ou de chevaux !

Juliette Jouve Soler
Juliette Jouve Soler
Correspondante Actus Limousin
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