Le Jardin d’Arsac à Saint Fréjoux : un véritable paradis de 7000 m² façonné depuis 40 ans par un couple de jardiniers autodidactes

Depuis près de 25 ans, Geneviève et Gilbert Serve ouvrent aux visiteurs les portes de leur jardin privé, niché au cœur des hautes terres corréziennes. Un lieu à part, labellisé jardin remarquable depuis 2013 qui offre aux visiteurs un cheminement paysager paradisiaque.

Je vous emmène aujourd’hui dans un lieu pas comme les autres, un jardin que je considère comme une œuvre d’art vivante, patiemment façonnée depuis 1986 par deux passionnés : Geneviève et Gilbert Serve. Sur 7000 m², ce couple de jardiniers autodidactes a su créer un univers à la fois rêveur et rigoureux, structuré et ouvert sur la campagne environnante. Chaque recoin, chaque ligne, chaque plante semble parler à l’œil et au cœur. Rien n’est laissé au hasard, et pourtant, tout semble naturel. C’est ça, la magie du Jardin d’Arsac.

Depuis près de 40 ans, Geneviève et Gilbert Serve façonnent le jardin de leur rêves © Pauline Sutter

Un jardin structuré

Au début de l’aventure, Geneviève et Gilbert Serve ont pensé leur jardin en dessinant d’abord la structure afin qu’elle soit harmonisée autour de leur habitation. Ils ont accordé beaucoup d’importance au dessin afin de délimiter 13 zones dans lesquelles ils ont ensuite laissé s’exprimer leur créativité. Une belle base, ensuite adoucie par les plantes foisonnantes qui viennent peu à peu en estomper les contours.

A la base du jardin d’Arsac, des dessins rigoureux dont les contours ont été adoucis par les plantes foisonnantes © Pauline Sutter

Depuis 1986, Geneviève et Gilbert travaillent tous les deux dans leur jardin avec une remarquable complémentarité ce qui leur a permis de façonner un jardin à la fois écologique, sensible et profondément artistique. La structure est conçue pour mettre le jardin en lien avec le paysage de telle sorte à ce qu’il offre de nombreux points de vue sur la campagne alentours. Les plantations sont pensées pour s’intégrer parfaitement à leur environnement en se faisant le reflet de la campagne de Haute-Corrèze.

Les plantations sont pensées pour s’intégrer parfaitement à leur environnement © Pauline Sutter

Au jardin d’Arsac, les vivaces et les annuelles communes côtoient des variétés horticoles pour donner à ce jardin des airs de jardin à l’anglaise que la nature aurait elle-même façonnée. La composition est pensée de telle sorte à ce que tout coule de source, dans un équilibre subtil, presque invisible, où rien ne heurte l’œil et où tout semble à sa place, naturellement.

Ça et là, des éléments de décoration se fondent dans la végétation © Pauline Sutter

Pour Gilbert et Geneviève, ce jardin est bien plus qu’un jardin : c’est une vision du paradis, leur paradis. Quand elle parle de son jardin, Geneviève ne peut s’empêcher de citer Marie Rouanet qui a écrit Tout jardin est éden. Mais ce paradis, Geneviève et Gilbert le partagent bien volontiers depuis une vingtaine d’années puisqu’ils se décident à ouvrir leur jardin au public en 2000. Allons donc voir ce qu’ils y ont planté !

Plantes de cœur, plantes de terrain

Ce qui m’a tout de suite marquée, c’est cette profusion : une abondance de feuillages, de formes, de floraisons… Un véritable feu d’artifice végétal où la monnaie-du-pape croise sans complexe des rosiers remarquables, et où chaque coin du jardin semble raconter une histoire différente. Geneviève et Gilbert ont choisi de faire la part belle aux vivaces locales, celles qui s’intègrent naturellement au paysage de Haute-Corrèze. Ce socle végétal leur permet de mettre en avant des variétés plus rares et horticoles, comme les nombreuses clématites, les rosiers de collection et bien d’autres merveilles.

Très répandues en Haute-Corrèze, les digitales côtoient de nombreuses roses de collection au jardin d’Arsac © Pauline Sutter

Ici, tous les sens sont en éveil. La vue, bien sûr, avec un camaïeu de verts, de gris et de bleus qui pose une toile de fond apaisante, ponctuée de quelques éclats colorés pour créer la surprise. Mais aussi l’odorat : les parfums sucrés ou fleuris des rosiers s’entremêlent à l’odeur puissante et reconnaissable entre mille du tilleul. J’étais personnellement bel et bien au paradis prête à cueillir la fameuse pomme interdite !

Des roses et des pivoines au parfum irrésistibles © Pauline Sutter

Mais derrière toute cette végétation foisonnante et apparemment spontanée, il y a des années d’observations patientes. Depuis 1986, Geneviève et Gilbert notent, testent, corrigent. Rien n’a été laissé au hasard, et tout a été pensé pour que le visiteur ait l’impression que le jardin s’est dessiné tout seul, au rythme des saisons et pour le faire glisser sans qu’il s’en rende compte dans l’univers du jardin, vers une douce rêverie contemplative.

Un jardin pour rêver

Avec ces vastes allées tondues, ce jardin est un véritable appel à la flânerie. Par la diversité de ses formes, de ses textures, de ses couleurs, il stimule l’émotion… mais surtout l’imaginaire. On y entre un peu comme dans un rêve éveillé. Je pense à ce trou découpé dans une haie qui laisse entrevoir la campagne alentour, comme un clin d’œil discret, une ouverture sur l’ailleurs. Ce genre de détail me touche profondément : ici, tout semble pensé pour laisser la magie opérer.

Une petite fenêtre sur le monde extérieur © Pauline Sutter

Les objets disséminés dans le jardin ne sont jamais envahissants. Ils ponctuent la promenade, créent des respirations, des surprises, des sourires. Je tombe sur une grosse fourmi un peu surréaliste, puis, un peu plus loin, sur trois chevaux de bois qui veillent fièrement au milieu d’une prairie. Deux autres fourmis – plus discrètes – nous rappellent avec tendresse les prénoms des créateurs du lieu : « Gil » et « Gen ». Tout cela raconte une histoire, celle d’un jardin où l’art s’invite sans jamais écraser le végétal. Et puis il y a les bancs, les tables, les chaises… autant de haltes possibles pour prendre le temps.

Des objets insolites et des petites haltes jalonnent discrètement les recoins du jardin d’Arsac et invite à la contemplation © Pauline Sutter

Contempler. Écouter. Respirer. Ce que j’aime ici, c’est que la nature garde le dessus : seuls les chemins sont tondus, le reste est laissé à cette végétation libre et généreuse qui fourmille de vie. Derrière cette poésie, il y a une volonté forte : celle de respecter la biodiversité. Tout est pensé pour accueillir les insectes, les oiseaux, les fleurs sauvages. Les floraisons s’échelonnent sur de longs mois, offrant une table ouverte aux pollinisateurs. Et partout, ça bourdonne, ça vole, ça chante. On sent que ce jardin, bien qu’artistique, est avant tout un lieu profondément vivant.

Au paradis des petites « bébêtes » ! © Pauline Sutter

Le Jardin d’Arsac ne se visite pas, il se vit. Il me rappelle qu’un jardin peut être un poème, une respiration, une manière d’habiter le monde autrement. En sortant de ce havre de verdure, je repars plus légère, l’esprit ouvert et les sens en éveil.

Et si, nous aussi, nous laissions un peu plus de place à la rêverie dans nos jardins ?

INFOS PRATIQUES

Jardin d’Arsac, 1 Arsac, 19200 Saint-Fréjoux

Tel : 06 33 62 86 99 / jardindarsac@gmail.com

Pauline Sutter
Pauline Sutter
Correspondante Actus Limousin
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