Si des milliers de pétunias recouvrent encore la façade du château de Castel Novel à Varetz, elles côtoient désormais des citrouilles et araignées géantes. Ces installations spectaculaires sont la marque des nouveaux propriétaires du domaine, bien décidés à redonner ses lettres de noblesse à ce site corrézien hors du commun.
Un château millénaire dans un parc exceptionnel
Construit au XIIIe siècle, le château de Castel Novel marquait autrefois la frontière entre les vicomtés de Limoges et de Turenne. Ce territoire était alors stratégique et la commanderie de Mons toute proche témoigne de l’importance militaire et religieuse du secteur à l’époque médiévale.
Les premières traces écrites du château datent de 1289. Comme beaucoup de forteresses françaises, il tombe aux mains des Anglais pendant la guerre de Cent Ans. Heureusement, il est repris (en fait racheté !) en 1380. En 1500, il devient la propriété de la famille d’Aubusson de la Feuillade, qui le conserve pendant plus de trois siècles…
Le château est entouré d’un splendide parc de 16 hectares où l’on peut admirer des chênes aux feuilles gigantesques ou de majestueux cèdres du Liban, des arbres jadis convoyés en train jusqu’à la petite gare de Varetz.
Colette et Henri de Jouvenel : l’âge d’or littéraire
En 1844, le château change de mains et passe dans celles des Jouvenel. Henri de Jouvenel des Ursins en devient propriétaire en 1876. Ce personnage « haut en couleur » cumule les casquettes : journaliste (rédacteur en chef pour Le Matin), homme politique, écrivain et ambassadeur. Il travaille notamment en Syrie et au Liban où il participe à la rédaction de la constitution.
Mais c’est surtout son mariage en 1912 avec l’écrivaine Colette qui donne au château ses lettres de noblesse. La future membre de l’Académie Goncourt y séjourne régulièrement et s’inspire de ces paysages corréziens dans plusieurs œuvres, comme « Les Heures longues ». L’esprit de Colette continue de vivre entre ces murs et une exposition lui est consacrée à la médiathèque de Varetz jusqu’à fin octobre.
À quelques pas du château, le site des Jardins de Colette peut compléter agréablement la visite. Créés en 2007 sur 5 hectares, ces jardins retracent la vie de l’écrivaine à travers six tableaux paysagers correspondant aux différentes périodes de son existence : la Bourgogne de son enfance, la Franche-Comté, la Bretagne, la Corrèze où elle fut mère, la Provence, et enfin les jardins du Palais-Royal parisien où elle termina ses jours.
De château familial à hôtel de luxe
Après la période Jouvenel, le château tombe à l’abandon. En 1956, Renaud de Jouvenel le vend à Raymond et Yvette Parveaux. Le couple entreprend alors de gros travaux pour le transformer en hôtel-restaurant de luxe. L’établissement compte désormais 26 chambres dans le château, auxquelles s’ajoutent 10 chambres dans le cottage. Le restaurant devient une table renommée. Leur fils Albert, puis leur petite-fille Sophie assurent la suite jusqu’en 2019. Le flambeau est alors repris par deux restaurateurs corréziens, Maxime Meizaud et Michel Mounier, qui cèdent à leur tour la propriété en 2024.
Depuis cette année, le château corrézien appartient désormais à un couple de lituaniens. Fils d’un entraineur de football légendaire en son pays, Giedrius Klimkevicius a prospéré dans le secteur de la musique (labels, spectacles, festivals…), avant de se tourner vers le tourisme en acquérant le prestigieux Pakruojis Manor. Mais s’il a racheté le lieu, l’homme d’affaire a laissé les rênes à Maxime Meizaud et Katia Mamlina, avec un objectif clair : « en faire un site culturel touristique d’envergure, à la réputation nationale voire internationale. »
Et ils ne font pas les choses à moitié ! Cet été, ils ont fait recouvrir toute la façade du château de milliers de pétunias roses et blancs. L’effet visuel est spectaculaire et a fait « le buzz » sur les réseaux sociaux et attiré de nombreux visiteurs. Actuellement, le château est décoré aux couleurs d’Halloween : citrouilles, araignées et personnages effrayants. Dans le parc, des artistes peaufinent la scénographie qui durera jusqu’à fin octobre.
Côté restauration, c’est Julien Dayre, le directeur de l’établissement, qui explique la nouvelle philosophie des propriétaires : rendre le château accessible, pour que les habitants de la région puissent profiter de ce lieu d’exception plus régulièrement, que ce soit pour déjeuner, ou tout simplement pour une pause détente ou une session de travail « au vert ». Et pour répondre à cette ambition, deux concepts de restauration coexisteront : gastronomie dans les salles historiques du château en proposant une cuisine raffinée, mais aussi un espace plus décontracté permettant d’élargir la clientèle dans une ambiance conviviale.
Prochaines floraisons
Cet hiver, un autre projet ambitieux sera au programme : un festival de lumières. Et les nouveaux propriétaires préparent déjà la suite : un parc avec « des millions de fleurs » dès l’année prochaine. L’installation estivale leur a permis de tester la résistance des plantes aux fortes chaleurs.
Castel Novel prouve ainsi que l’alliance entre patrimoine historique et vision contemporaine peut créer une alchimie prometteuse. Le château de Colette écrit un nouveau chapitre de son histoire, fidèle à l’esprit d’ouverture et de modernité de celle qui en fut la châtelaine la plus célèbre !
Plus d’informations sur le site castelnovel.com
