Cet automne 2025 nous a offert des spectacles grandioses et hauts en couleurs ! On vous emmène avec nous pour arpenter la vallée du Chavanon : entre passé ferroviaire, viaducs vertigineux et nature préservée, on vous emmène en balade automnale entre Limousin et Auvergne.
« Et au milieu coule une rivière ». L’expression n’a jamais été aussi appropriée qu’au moment où l’on s’apprête à plonger dans l’une des vallées les plus sauvages et les mieux préservées du Limousin. Nous sommes au belvédère du viaduc du Chavanon, commune de Merlines en Corrèze. Face à nous, les Monts d’Auvergne dont le Puy de Sancy et la Banne d’Ordanche se dressent fièrement, teintés de orange, comme une invitation à aller voir encore plus haut.

C’est ici, à cheval entre deux régions, l’Auvergne et le Limousin à l’époque, qu’a été bâti le viaduc autoroutier (A 89) dans le début des années 2000. Ses deux pylônes en forme de V inversés semblent se détacher du sol pour aller accrocher le ciel. Son tablier s’élève à 100 mètres au-dessus d’une rivière qu’il enjambe : le Chavanon, frontière naturelle du Puy-de-Dôme et de la Corrèze, que les automobilistes qui foncent au-dessus ne peuvent voir.

On a coutume de dire que la plus belle saison pour se balader dans cette vallée peuplée de feuillus, c’est l’automne. Alors nous y sommes allés. Au-dessus de nos têtes, l’imposant viaduc brise le ciel bleu mais paraît loin. Le son de l’eau qui court à vive allure entre la roche berce nos pas sur un chemin large fait de cailloux, entouré de forêts et de grands talus où les feuilles tombent comme des confettis. Des talus creusés dans la roche par l’Homme.
Sur les traces de l’ancienne ligne « Paris-Béziers »
Parce que nous ne sommes pas sur n’importe quel chemin. Ici, avant nos pas, c’est un train qui passait. D’Eygurande à Bort et plus largement de Paris à Béziers. Les anciennes maisons de garde-barrière et la célèbre gare de Savennes en sont des témoins encore bien présents aujourd’hui. Pourtant, plus de rail ni de train depuis mai 1950. La raison est toute simple, la ligne a été noyée, plus loin, par le barrage de Bort-les-Orgues.

En marchant sur cette voie, en passant à côté de ces anciens tunnels, on imagine l’ambiance d’une toute autre époque ici. Aujourd’hui, les tunnels sont inaccessibles, ils servent de gîtes importants pour l’hibernation de chauves-souris dont la Barbastelle. C’est le Conservatoire des espaces natures d’Auvergne qui gère pas moins de 30 hectares du secteur autour de 4 kilomètres de la rivière.
Tout un patrimoine à découvrir au fil de la rivière
Continuons de remonter à contre-courant ce Chavanon bien en eau en cet automne 2025. Plus loin, un autre passé industriel ressurgit. Celui d’un barrage qui a fonctionné de 1909 à 1920 : le barrage de Lagarde qui servait à alimenter en électricité la gare de Merlines. Petits ponts, moulins, etc… tout un patrimoine se laisse découvrir au fil de la rivière. Comme ces anciens fours à chaux posés ici au milieu de nulle part et qui, jusqu’en 1957, servaient à cuire du calcaire pour en faire de la chaux qui servait dans la construction et pour l’amendement des terres agricoles.
Encore plus en amont, voilà ressurgir des rails de chemin de fer. Celles-ci sont encore bien ancrées au sol. Ou plutôt sur un viaduc : celui des Cousteaux, avec ses arches en pierres qui impressionnent. Il y a encore à peine un peu plus d’une décennie, un train franchissait le Chavanon via ce pont car la ligne « Ussel – Clermont-Ferrand » passait par ici, jusqu’à sa fermeture en juillet 2014 (nous en parlions ici). Les panneaux sont toujours là, les barrières aussi. Si des sapins n’avaient pas poussé en travers de la voie, on s’imaginerait presque entendre le train, le voir arriver et traverser les gorges.

Un havre pour les espèces sensibles
Dans ces gorges où les ruisseaux affluent en cascade sur chaque rive et les hêtres, chênes et sapins se mêlent. Cette mosaïque d’habitats abrite une faune variée : chevreuils, renards, rapaces comme la buse variable ou le faucon crécerelle, et des espèces plus discrètes telles que la loutre d’Europe. Classé en partie en zone Natura 2000, le site bénéficie de mesures de protection visant à préserver la pureté du cours d’eau, la biodiversité des milieux forestiers et la tranquillité des espèces sensibles.

Niché en fond de vallée, le centre hospitalier du Pays d’Eygurande, établissement de santé mentale, impressionne par sa grandeur. Nous sommes au lieu-dit La Cellette à Monestier-Merlines. Au XIIème siècle, un moine bénédictin s’installe ici. En 1448, des Franciscains cantaliens commencent à y héberger des malades mentaux. Plusieurs congrégations vont ensuite se succéder au fil des siècles. Depuis 1971, c’est une association qui a la gestion du site, propriété du Département de la Corrèze. Il est aujourd’hui une véritable structure de prise en charge de la santé mentale sur tout le territoire voire même au niveau national avec notamment la prise en charge de malades difficiles.

Depuis la statue de la Vierge érigée en 1952, la vue s’ouvre sur l’établissement et on prend conscience de l’immensité du site. De l’immensité de cette vallée aussi, si sauvage et si riche d’une histoire où se mêlent transports d’hier et d’aujourd’hui, anciens moulins et barrages, faunes et flores uniques et où, au milieu, coule une rivière.

