Les périodes de sécheresse que nous avons connu ces deux dernières années ont mis en avant l’importance des zones humides face au réchauffement climatique. Terre de lacs et d’étangs, le Limousin est aussi une terre de tourbières. Au coeur du plateau de Millevaches, la tourbière du Longeyroux est un écosystème précieux dont la formation remonte à 8000 ans !
La modification des régimes pluviométriques provoquée par le réchauffement climatique est en train de bousculer le fragile cycle de l’eau. Les précipitations ne sont pas forcément moins importantes que par le passé mais elles ont tendance, et cela devrait continuer, à être moins fréquentes mais plus intenses. Or les sols secs favorisent le ruissellement, au détriment de l’infiltration, et les crues, inondations et glissements de terrain ne sont plus des phénomènes exceptionnels.
Pour limiter les dégâts de ces bouleversements de la pluviométrie, les zones humides jouent un rôle majeur : elles favorisent l’infiltration de l’eau dans les nappes phréatiques, atténuent les crues et les sécheresses et soutiennent le débit des cours d’eau. Si on ajoute qu’elles ont une grande capacité piéger le carbone et qu’elles constituent un réservoir de biodiversité, on comprend qu’on a là un atout très précieux pour les décennies à venir.
Mais depuis le début du XXème siècle, 67% des zones humides de l’Hexagone ont disparu sous la pression de l’artificialisation des sols. La sauvegarde des « survivantes » est donc une priorité car il nous sera impossible de « fabriquer » des écosystèmes qui se sont formés, au rythme lent de Dame Nature, au fil des millénaires…
La formation d’une tourbière, une éloge de la lenteur
Nichée au cœur du Plateau de Millevaches, au nord de la commune de Meymac, la tourbière du Longeyroux est la plus vaste tourbière du Limousin. Elle s’étend sur une zone de plus de 250 hectares majoritairement recouverte de lande tourbeuse, bordée de forêts et de landes sèches où pousse la callune, une variété de bruyères.
Sa formation est le résultat d’une combinaison d’éléments naturels :
- un « double-climat », océanique et continental : des précipitations intenses au printemps et l’automne, et un hiver rigoureux surtout en altitude.
- un sol imperméable, favorisant la stagnation de l’eau et la formation d’une « alvéole »,
- un sol acide favorisant la formation et la colonisation de végétaux.
La tourbière est un milieu oligotrophe (« qui se nourrit de peu ») qui doit son existence à la « sphaigne », une variété de mousse qui colonise la zone en se développant à la surface de l’eau, grâce à la photosynthèse. La sphaigne sert ensuite de support à d’autre végétaux : des graminées et des arbrisseaux. Dans un milieu saturé en eau, les végétaux se dégradent très lentement et leur décomposition finit par former, au fil du temps, un « mille-feuille » de couches de végétaux morts qui peut atteindre plusieurs mètres.
La formation d’une tourbière est un processus très lent qui s’étend sur plusieurs millénaires. Celle du Longeyroux a commencé à se former il y’a 7500 à 8000 ans et son épaisseur atteint aujourd’hui 1,90 m de tourbe soit une belle performance de… 2 cm par siècle !
Un écosystème surprenant et précieux
Sur le tapis de sphaignes de la tourbière du Longeyroux, à la belle saison, poussent donc des graminées (notamment la molinie bleue), de la canneberge, de la linaigrette et même une… plante carnivore : la droséra ou rossolis à feuilles rondes !
Côté faune, la tourbière du Longeyroux accueille aussi quelques espèces très intéressantes comme le « lézard vivipare », le « pipit farlouse » (un petit oiseau de plus en plus rare…) ou la « cordulie arctique » (une variété de libellule que l’on trouve surtout en milieu montagneux). Enfin, la proximité de nombreux petits cours d’eau en provenance de la Vézère amène aussi la loutre, icône du PNR de Millevaches, à fréquenter les lieux…
2 sentiers pour la découvrir et des visites guidées
Pour visiter la tourbière du Longeyroux, vous pouvez emprunter l’un des deux sentiers qui vous sont proposés sur le site :
- « le sentier des Linaigrettes » : un petit sentier d’interprétation d’une longueur de 1 km, sur des passerelles en bois, où vous trouverait des panneaux d’explications
- « le sentier des bruyères » : une randonnée de 9 kilomètres qui fait un grand tour dans la tourbière du Longeyroux et vous permettra d’en découvrir tous les secrets au fil des 9 stations d’interprétations
A noter que l’Office de Tourisme de Haute-Corrèze, dont le siège se trouve à Meymac, vous propose des visites guidées et organise, sur demande, des visites de groupes. Pour plus de renseignements : www.tourisme-hautecorreze.fr