A quelques kilomètres de Limoges, le château de Losmonerie abritent trois jardins extraordinaires, labellisés « jardins remarquables » depuis 2023. Entre le jardin fleuri, inspiré par le paysagiste hollandais Piet Oudlof, le jardin sauvage en bord de Vienne et le jardin de framboisiers avec plus de 100 variétés, le château de Losmonerie ravira les passionnés de balades bucoliques et gourmandes !
Vous ne le savez sûrement pas mais je suis une amoureuse des framboises. Alors, quand j’ai appris qu’il existait, en Haute-Vienne, un jardin détenant la plus grande collection de variétés de France, je n’ai pas hésité un seul instant à prendre la direction du château de Losmonerie, situé à Aixe-sur-Vienne et construit vers 1535 pour Jean Chantois « élu pour le roi ».
Inscrit aux Monuments Historiques depuis 2009, il s’agit d’un château « maison aux champs » qui est enceint de jardins tantôt très fleuris, tantôt très framboises et tantôt très bucoliques ! Ces trois ambiances, qui se marient à la perfection, ont ainsi permis aux jardins du Château de Losmonerie d’obtenir le précieux label « jardins remarquables » en 2023.
Ouverts au public de juin à septembre (juillet-août seulement pour le château), les jardins du château de Losmonerie propose une visite riche qui ravira les grands comme les petits grâce à des jeux d’énigme autour de la biodiversité en plus d’une cueillette gourmande !
La « dutch wave » : des jardins fleuris naturalistes et aériens
Piet Oudolf, un paysagiste hollandais du 20e siècle, a créé un mouvement paysagé tout à la fois naturaliste, spontané et aérien : la « dutch wave » (littéralement « vague hollandaise »). Ce mouvement fait la part belle aux vivaces fleuries pour créer une richesse de textures et de silhouettes : une véritable vague fleurie toute l’année. La force de ce mouvement c’est de créer un jardin botanique à l’esthétique sauvage, légère et attractive pour la biodiversité.
Après avoir passé la porte d’entrée, je suis tout de suite happée par ce jardin dépaysant et très marquant qui fait la part belle aux plantes fleuries et à des œuvres d’art contemporaines qui donnent davantage de relief et de poésie aux plantes alentour. C’est le cas du « boudoir du terroir », situé à l’entrée du jardin et réalisé par l’artiste suisse Simon Beer. Cette œuvre étrange nous permet de prendre de la hauteur et interroge notre rapport aux autres.
Aux alentours, des carrés fleuris surgissent de la pelouse bien entretenue pour un effet des plus remarquables. Accompagnées ça et là par des fruitiers, les fleurs se démarquent. Les fleurs sauvages spontanées se rajoutent à la fête pour créer des massifs ensauvagés où les chardons et les carottes sauvages côtoient des hémérocalles (connues sous le nom de « Lis d’un jour ») et des verveines de Buenos Aires. Et je peux vous assurer que ça bourdonne là-dedans ! Pas étonnant pour ce jardin classé ZNIEFF (Zone Naturelle d’Intérêt Faunistique et Floristique) où la biodiversité est accueillie à bras ouverts !
Un jardin sauvage sur les bords de la Vienne
J’arrive au bout de la terrasse du château où j’aperçois la rivière en contrebas. Je continue de cheminer parmi les fleurs pour passer dans l’enceinte du château et m’enfoncer en forêt, où la Vienne chante déjà ! Ici, la végétation est spontanée et sauvage mais l’endroit est travaillé pour nous offrir de nombreux points de vue, véritables tableaux pour contempler cette rivière ponctuée de rochers comme dans les estampes chinoises.
Je m’assieds et contemple la végétation typique des zones humides : des salicaires et des joncs, sans oublier les graminées diverses. Je fais aussi connaissance avec de belles libellules bleues qui virevoltent autour de moi sur ce chemin sauvage et frais qui longe la Vienne.
La cabane en osier, conçu par l’artiste Emmanuel Puybonnieux, nous invite un peu plus à la contemplation. Cet artiste a reçu en 2016 le prix de la création lors du festival international des jardins de Chaumont sur Loire. Ainsi abritée, je profite d’une belle vue sur la Vienne au travers des ouvertures de la structure sans déranger la vie sauvage qui m’entoure et j’ai l’impression de ne faire qu’une avec la nature, de faire partie d’un tout.
Des framboises un peu, beaucoup, à la folie !
Me voilà enfin prête à pénétrer dans l’enceinte de ce fameux champ de framboisier ! Je suis accueillie à l’entrée par les tableaux des ancêtres reproduits sur des tuiles en porcelaines blanches plantées dans les massifs. C’est l’artiste Eric Mezan qui a créé tout un parcours de céramique en plein air dans l’entièreté du jardin. Je m’attarde pour les admirer mais je ne peux empêcher mon regard impatient de dévier pour plonger dans la plus grande collection de framboisiers de France (avec plus de 100 variétés !).
Des cyprès plantés de lavandes à leurs pieds initient les futures rangées de framboisiers qui sont, au mois de juillet, plutôt en repos même si je réussis à grappiller çà et là plusieurs belles framboises. Pendant la pleine saison, vous pouvez venir avec vos contenants pour faire des récoltes tout en sachant que vous devrez en donner la moitié aux jardins.
Me voilà donc plongée dans mon Eden où je découvre tant et tant de variétés, qui me sont presque toutes inconnues, et de très belles découvertes gustatives. La « Fall Gold » propose de belles framboises dorées et sucrée à la fois, la « Joan J » est parfaite pour une gourmande comme moi car elle propose de grosses framboises allongées et savoureuses ! Celle qui a pourtant remporté tous mes suffrages et qui était la meilleure (en cette saison en tout cas) c’est la « Cascade Delight » qui porte bien son nom et qui m’a offert de belles cascades de fruits bien gros et bien sucrés ! Un réel délice !
Pratique
Adresse : Losmonerie, 87700 Aixe-sur-Vienne
Ouvert tous les jours du 1er juillet au 3 septembre de 10h00 à 12h30 et de 14h à 18h30
Site web : losmonerie.fr
Téléphone : 06 07 11 04 96 / Mail : g2villelume[at]gmail.com