A Rilhac-Lastours, le « jardin de l’An Mil à nos jours » retrace, avec ses petits jardins clos, l’histoire de la culture du Xe au XVe siècle. Jardin aromatique, médicinal, esthétique ou bouquetier, et bien sûr potager, chaque « îlot » est un petit morceau de l’histoire du jardinage et une belle occasion de (re)découvrir des plantes étonnantes !
Petite virée en Haute Vienne et voilà que je tombe sur un magnifique jardin public qui porte le doux nom de « jardin de l’An Mil à nos jours ». Situé près du château de Lastours construit entre 950 et 1150 et juché sur une motte castrale, ce jardin a été conçu en 1998 pour faire le lien avec les trois éléments historiques du village construits sur une motte : l’église, le château fort et la motte.
À travers plusieurs carrés clôturés, ce jardin représente les différents usages qu’on en a fait à partir de l’an mil jusqu’à nos jours tout en s’engageant pour la biodiversité ! C’est donc enthousiaste que je commence ce voyage botanique à travers le temps et que je pars à la rencontre de ces « îlots du passé » matérialisés par des jardinets enceints de haies avec une tuile à leur entrée qui m’indique quel type de jardin je visite !
Inspiration jardin médiéval : un jardin utile et bien ordonné
Disposés sur une pelouse bien tondue, des carrés délimités par des clôtures diverses et variées cachent les différents jardins qui nous permettent de traverser le temps. Je me dirige vers celui que je connais le mieux, le jardin des simples ! Je passe donc sous le chèvrefeuille pour découvrir différents carrés bien ordonnés contenant diverses plantes médicinales.
Le jardin des simples est né au Moyen Âge et est aussi connu sous le nom de « Hortus Medicus ». Ce type de jardin regroupe des plantes aromatiques qui ont des vertus médicinales différentes. Je circule entre les carrés et remarque les petits écriteaux m’indiquant le nom de la plante et ses effets sur notre corps, et j’apprends par exemple que la monarde est excellente contre les problèmes respiratoires, la nausée, les flatulences ou l’insomnie !
Je me rends également au jardin des teinturiers, parce que les plantes avaient aussi leur utilité dans la confection des teintures, et là m’accueillent de belles fleurs aux couleurs époustouflantes. Je me dis que ce qu’on a définitivement conservé de ces périodes, ce sont la culture d’aromatiques et les carrés potagers qui reviennent à la mode !
De l’ornement pour la biodiversité : un jardin esthétique
Après avoir été dans l’utile, les jardiniers sont devenus des collectionneurs et se découvrent une passion pour le beau. Et quelle plus belle fleur que la rose pour rendre cet hommage ? Dès que je pénètre dans cette roseraie, je suis saisie par les couleurs et les parfums de toutes ces roses présentes autour de moi. La rose est une fleur intemporelle qui n’a jamais cessé d’avoir la cote. Regardez plutôt votre jardin ? Des rosiers, je suis sûre que vous en avez ! Eh bien sachez que vous perpétuez une mode qui n’existe que depuis le XVIIIe siècle. Avant, on utilisait les roses à des fins médicinales.
Encore enivrée par le parfum de rose je tourne le dos à la roseraie pour me diriger vers le jardin qui deviendra mon préféré de la visite : le jardin bouquetier. Eh oui, avant de les acheter toutes prêtes chez le fleuriste et importées de Hollande, on cultivait ses propres fleurs pour en faire de jolis bouquets ! Je passe l’entrée faite de pommiers palissés pour me retrouver entourée de marguerites et d’échinacées qui font un magnifique tableau pour une photo de cette église qui surveille le jardin, bien installée sur sa motte !
Les fleurs, pour les bouquets c’est bien mais ici, elles sont surtout utiles à la biodiversité et c’est un des engagements premiers du lieu. L’intention de départ en 1998 était de concevoir un jardin respectueux de l’environnement pour faire honneur à cet endroit préservé situé au cœur du parc naturel régional Périgord-Limousin ! Pour preuve toutes ces fleurs dispersées sur l’ensemble du jardin mais également une partie en contrebas où les herbes sont laissées hautes car, selon des écriteaux disposés çà et là dans le jardin : « à trop tailler, la nature se taille ! ».
Le jardin nourricier : un jardin pour bien manger
C’est bien sûr le cœur battant que je me dirige vers ce que je connais le mieux, le potager ! C’est d’ailleurs par là que tout a commencé. Car le potager existe depuis les temps immémoriaux même s’il fait figure de parent pauvre dans la littérature qui lui préfère les jardins d’agréments autrement plus démonstratifs. Heureusement, le potager revient au goût du jour et avec celui de ce jardin-ci, je ne suis pas déçue ! Il est paillé, fleuri et diversifié ! On y recense des maïs, des courges, des salades, des poireaux et j’en passe ! Un vrai beau potager pour se nourrir sur toute une année.
Pour compléter cette promenade nourricière, je passe à travers un verger, un échantillon de vignoble et bien sûr des rangs de petits fruitiers. Qu’a-t-on gardé de ces années-là ? La culture d’un potager chez soi ! Il s’est un peu perdu avec l’arrivée de nos pelouses bien nettes mais le voilà qu’il fait un beau retour en force tout en se modernisant pour faire plus attention à la biodiversité. Notre potager ce n’est pas le même que celui de notre grand-père : on le fleurit, on le paille et on retourne de moins en moins la terre !
Pratique
Adresse : Jardin de l’An mil à nos jours, Le Bourg, 87800 Rilhac-Lastours
Visite libre toute l’année
Contact : 05 55 58 28 44
