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Région Limousin
mardi 1 avril 2025

Pourquoi la mise en place d’une « ZFE » à Limoges se fera sûrement avec une version peu restrictive ?

Si Limoges Métropole avait obtenu une dérogation pour retarder un peu la mise en place de sa « Zone à Faibles Émissions », l’agglomération limougeaude devra tout de même le faire dans les mois à venir… Mais contrairement aux idées reçues et à la désinformation ambiante, cela n’impliquera pas nécessairement des restrictions de circulation pour les véhicules avec des vignettes Crit’Air 3-4-5.

En France, chaque année, plus de 47000 décès prématurés sont imputables à la pollution aux particules fines et aux oxydes d’azote. Dans les agglomérations, où la concentration est le plus souvent supérieure aux valeurs recommandées par l’OMS, l’État s’est engagé depuis plusieurs années à légiférer pour essayer d’améliorer la qualité de l’air et, parmi les outils à sa disposition, la France a acté la mise en place de « zones à faibles émissions » (ZFE) dans les agglomérations de plus de 150 000 habitants.

Mais depuis plusieurs mois, une partie de l’aile droite de l’échiquier politique réclame la peau des « ZFE » et ses demandes se font de plus en plus pressantes. Laurent Jaoul (LR), maire de la petite commune de Saint-Brès a réussi a faire suspendre la mise en oeuvre de la ZFE de Montpellier, et Vincent Louault, sénateur divers droite d’Indre et Loire, a quant à lui déposé une proposition de loi visant à supprimer l’obligation de création des « ZFE » avec 31 de ses collègues…

Les élus ne sont pas les seuls puisque les associations d’automobilistes et de motards sont elles aussi parties en croisade contre la vignette Crit’air et les mesures de restrictions de la circulation dans les agglomérations. Et pour enfoncer le clou, le lobbyiste Pierre Chasseray, président de « 40 millions d’automobilistes », a déposé une pétition en ligne sur le site de l’Assemblée Nationale qui a récolté plus de 20 000 signatures.

Les « ZFE » font donc couler beaucoup d’encre mais il faut bien avouer que cette mesure est mal connue (puisqu’elle n’est en réalité restrictive que dans les villes les plus polluées) et très impopulaire, et il n’en faillait pas plus pour que de nombreux élus s’en donnent à cœur joie avec un un joli « coup-double » populiste et anti-écologiste, en dénonçant une mesure antisociale relevant de l’écologie punitive…

La ZFE de Limoges, entre flou artistique et désinformation

L’agglomération de Limoges, et ses 272 000 habitants, aurait initialement dû mettre en place sa « ZFE » au 1er janvier 2025 mais a obtenu une dérogation en raison d’une pollution faible et de taux de dioxyde d’azote en amélioration. Elle fait néanmoins partie des « territoires de vigilance » et devra néanmoins se conformer à la loi avec pour seule obligation « la mise en œuvre d’une restriction de circulation sur leur territoire permettant de réduire les émissions de polluants atmosphériques sur un périmètre couvrant au moins 50% des habitants de l’EPCI le plus peuplé du territoire résidant dans le périmètre de l’agglomération« .

C’est la collectivité qui fixe les règles puisqu’elle est compétente en matière de mobilité, et en clair, il n’est pour l’instant pas question d’interdire la circulation a qui que ce soit comme c’est parfois le cas à Paris ou à Lyon. Et si les vignettes « Crit’air » deviendront progressivement obligatoires, seuls les poids lourds et utilitaires « non classés » (donc mis en circulation avant 1997) seraient à priori concernés par une interdiction dans la « ZFE » limougeaude.

Éventuellement, en cas de grave pic de pollution, la communauté d’agglomération pourrait décider d’instaurer temporairement une circulation différenciée et de mettre en place des solutions pour favoriser l’accès aux transports en communs ou le recours au covoiturage, mais dans une telle situation, serait-ce vraiment une si mauvaise chose pour Limoges et ses habitants ?

L’arrêté du 22 décembre 2021 stipule enfin que cette « ZFE » limougeaude ne devrait pas s’étendre à l’ensemble du territoire de Limoges Métropole mais seulement à 10 communes : Boisseuil, Chaptelat, Condat-sur-Vienne, Couzeix, Feytiat, Isle, Limoges, Le Palais-sur-Vienne, Panazol, Verneuil-sur-Vienne.

La « ZFE » limougeaude au regard de la loi © Carte réalisée avecc Khartis

Il règne encore un certain flou artistique quand au calendrier de mise en place de cette « ZFE en version light », mais cela n’a pas empêché Emile Roger Lombertie, maire de Limoges, de s’ériger de nouveau contre cette mesure et de promettre qu’il ferait tout son possible pour en empêcher l’entrée en vigueur. Vu l’amour qu’il porte aux projets en lien avec la mobilité dans l’agglomération, le contraire aurait été étonnant…

Pour tout savoir sur les « ZFE », savoir où commander votre vignette Crit’air ou connaitre les aides ou les possibilités de dérogations, rendez-vous sur le site : mieuxrespirerenville.gouv.fr

Mise à jour du 26 mars

Comme nous l’avions indiqué, dans le cas d’un « territoire de vigilance », c’est la collectivité qui fixe les règles et Guillaume Guérin, président de Limoges Métropole, a confirmé ce jour que « pour le territoire de Limoges Métropole et pour nos habitants, nous envisageons une mise en place la moins contraignante possible et à minima, à savoir une restriction pour les véhicules professionnels « Non classés » datant d’avant le 1er octobre 1997 pour les véhicules utilitaires légers et datant d’avant le 1er octobre 2001 pour les poids lourds. Cela représenterait environ 900 véhicules sur notre territoire. Pour accompagner les entreprises concernées dans la transition nécessaire de leur flotte de véhicules, des aides financières sont aujourd’hui à l’étude et nous veillerons à la mise en place de dérogations pour tous les autres types de véhicules. »

La mise en place d’une ZFE sur le territoire de Limoges Métropole ne signifiera donc pas la fin de l’autorisation de circuler pour les véhicules classés en Crit’air 3 et +, et concernera que 900 véhicules « non classés ».

Brice Milbergue
Brice Milbergue
Rédacteur en chef d'Actus Limousin

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