10.1 C
Région Limousin
lundi 27 octobre 2025

A Saint-Junien, l’Étoile Bleue et l’ancienne ganterie coopérative réunies autour du tiers-lieu « Manestela »

Deux lieux-phares de la vie locale de Saint-Junien sont en train de changer de cap sous l’impulsion d’une équipe dynamique qui a réussi à fédérer une équipe de bénévoles, la Communauté de communes et la mairie. Acteur de la vie locale sous toutes ses coutures, le tiers-lieu Manestela vient d‘ouvrir ses premiers bureaux partagés et ne devrait pas s’arrêter là !

« L’Étoile Bleue », située rue Renan derrière la mairie, et la ganterie coopérative, implantée tout près rue Louis Codet, vont prochainement être regroupés autour de « Manestela » (« la main et l’étoile » en occitan), un tiers-lieu que pilote notamment Charles Meillat, un comédien natif de Saint-Junien. Touché par le sort de l’Étoile Bleue, il s’est retroussé les manches pour redonner vie à ce lieu qui accueillait autrefois un patronage du diocèse de Limoges. « Enfant j’y faisais du théâtre, je suis parti quinze ans à Paris mais j’avais toujours en tête ce lieu » nous raconte-t-il.

De retour au pays, il crée le collectif « Champ libre » en 2015 et le festival éponyme. Trois ans plus tard, il apprend que le diocèse veut se séparer de l’Étoile Bleue. « La vente était assortie d’une condition : avoir un projet culturel et que le lieu soit mis à disposition d’associations comme à l’origine » explique-t-il, « le site a toujours été en activité. Un lieu catholique à trois minutes de la mairie, longtemps détenue par les communistes, je trouve ça hyper drôle de voir toutes les histoires qu’il y a eues en cent ans. »Il décide de le racheter en 2018 et tout s’est ensuite construit petit à petit.

Charles Meillat ne manque pas d’idées et souhaite rénover ce bâtiment qui n’est actuellement pas utilisé… © Corinne Mérigaud

40 espaces sur 2 000 m²

La ganterie coopérative a connu également plusieurs vies. Attestée dès 1655, elle appartient en 1904 à « l’Union Syndicale Ouvrière » qui y crée une épicerie en 1907. Une bibliothèque ouvrira en 1913, les prémices de la bibliothèque municipale. En 1916, le bâtiment accueillera la coopérative gantière, et la Bourse du Travail jusqu’en 1926. En 1938, les locaux sont mis à disposition du Syndicat des fabricants de gants pour leurs cours techniques. Enfin, en 1998, Hermès rachète les locaux mais déménage l’activité sur les bords de Vienne en 2017. Il est alors acquis par la Communauté de communes Porte Océane du Limousin.

Des couturières dans la ganterie coopérative de Saint-Junien en 1993 © Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel – © Saint-Junien, Pôle cuir

Manestela veut donc donner une énième vie à ce bâtiment emblématique et va développer ses activités sur ces bâtiments en mettant à disposition quelques 40 espaces (38 salles et 2 espaces verts) le tout sur 2 000 m². Ce tiers-lieu souhaite être un lieu de travail, de création, de rencontres et de coopération pour répondre aux besoins du territoire avec des bureaux partagés pour les entreprises, les indépendants, les télétravailleurs, des lieux de réunions pour les associations, des équipements à mettre en commun, des espaces restauration-bar-café, et des animations toute l’année. Joli programme !

Un tiers-lieu sous la forme d’une coopérative

Avant d’en arriver là, Charles Meillat qui a exploité l’Étoile Bleue durant quatre ans comme résidence d’artistes accueillait également des associations, ainsi que des ateliers et des projets pédagogiques. La Région Nouvelle-Aquitaine avait accordé au lieu, en 2021, son label « Fabrique culturelle et artistique ». « En 2024 cela devenait compliqué de porter seul le festival Champ Libre et ce lieu, d’où l’idée de créer un « tiers-lieu » » indique-t-il, « la SCIC Manestela a été créée il y a un an et demi pour le tiers-lieu, il fallait qu’on trouve d’autres salles ce qui va être possible avec l’ancienne ganterie grâce au travail que nous avons mené avec la Communauté de communes. On s’est aussi associé avec le Pont Levis, une association locale et d’autres qui organisent des manifestations musicales. »

Gérant du bar « Le Corot » et président de Pont Levis, Stéphane Barrelet avait été contacté au même moment par la mairie pour aménager des bureaux partagés au premier étage de son établissement. Des synergies et des envies communes ont permis à Manestela de voir le jour en collaboration avec Nadège Esclapez, chargée de mission du programme « Petites villes de demain » et manageuse de centre-ville et qui pilote l’opération de revitalisation du territoire qui inclut la création d’un tiers-lieu. Le planètes se sont donc alignées pour Manestela.

Des animations tout l’été et à Noël

Et depuis rien ne les arrête. Les premiers événements festifs organisés depuis l’été dernier ont trouvé leur public. De juin à septembre, « Manestela à Lacote » a proposé deux soirs par semaine concerts, spectacles, représentations de théâtre, soirées drag show gratuits avec foodtrucks et restauration locale. « Cela a bien marché cet été avec 200 spectateurs par soir » remarque Charles Meillat, « avant il n’y avait pas grand-chose pendant l’été. Quelques 12 000 à 13 000 personnes sont venues et une trentaine d’associations ont participé et gagné de l‘argent en vendant des gâteaux. »

Déambulation artistique et festive dans les rues de Saint-Junien… Les animations proposées dans le cadre de « Manestela à Lacote » ont attiré des milliers de visiteurs © Charles Meillat / Manestela

Inspiré de la Frairie des petits ventres, « Festiventre » a réuni 30 producteurs autour des halles le 19 septembre et attiré 5 000 personnes. Après le succès du marché de Noël, le second aura lieu du 12 au 14 décembre autour d’une patinoire synthétique et d’un village associatif installés jusqu’au 28 décembre. Des concerts gratuits et des déambulations pour les enfants seront également programmées.

Espace coworking : ouvert !

« L’espace coworking bureaux partagés qui sert aussi pour les réunions est opérationnel depuis septembre après restauration d’une salle de 75 m² » annonce-t-il, « sept  indépendants sont déjà membres de la SCIC. Les projets ne manquent pas pour développer tout ça en plus grand, notamment restaurer la grande salle pour accueillir du public, ouvrir une cantine accessible à tous et réhabiliter un bâtiment qui n’est plus utilisé. »

Le premier espace de coworking a ouvert au mois de septembre © Corinne Mérigaud

Concernant la location de salles, une quinzaine d’associations sont présentes à l’année et proposent des activités payantes (fléchettes, qi gong, théâtre amateur, danses orientales, gym, kung-fu, taïchi…) soit 27 créneaux en semaine. La ludothèque est également hébergée sur le site. Quant à la grande salle de l’Étoile bleue, elle accueille des résidences d’artistes de compagnies professionnelles, et des travaux sont à l’étude pour y proposer des spectacles et recevoir du public.

La grande salle de l’Étoile Bleue pourrait être rénovée pour pouvoir recevoir du public © Corinne Mérigaud

Quant à l’ancienne ganterie, le projet va être développé en partenariat avec la Communauté de communes et la municipalité. Le projet c’est d’y créer des bureaux partagés, des espaces pour l’artisanat et une salle pour des réunions et conférences. « Le bâtiment est en bon état » assure-t-il, « les étages accueillaient les bureaux d’Hermès et le rez-de-chaussée, qui abritait les machines, est à réhabiliter. Nous allons faire une ouverture côté Etoile Bleue pour relier les deux bâtiments par le biais d’une cour qui pourra être aménagée en lieu de vie. Il reste à inventer un modèle économique entre l’événementiel et la location d’espaces d’où la nécessité d’avancer sur les travaux de la salle de spectacles afin de créer des événements et de recevoir du public. »

Il souhaite proposer également des animations sur d’autres communes comme « FestiBase » en 2024 à Saint-Victurnien, mutualiser les compétences et le matériel entre structures « pour imaginer davantage d’événements avec « Les Cheminées du rock » à Saillat et « le Labyrinthe de la voix » à Rochechouart. Mutualiser, cela permettrait de prendre moins de risques financiers, la réflexion est donc en cours. » Autant de projets au service d’un territoire très imprégné de ce goût du collectif qui est inscrit dans son ADN.

Pour plus d’informations, rendez vous sur le site manestela.com ou sur la page facebook.

Corinne Mérigaud
Corinne Mérigaud
Journaliste Actus Limousin

A la une

Plus d'articles