L’annonce de la fermeture d’une classe dans l’école de la Courtine pour la rentrée prochaine met les élus locaux en colère. Ils se sentent abandonnés par l’État et menacent de ne pas ouvrir les bureaux de vote pour les élections présidentielles !
Le village de la Courtine a connu de plus belles heures et voit depuis 40 ans sa population se réduire comme une peau de chagrin. On y comptait encore plus de 1000 habitants en 1990, ils ne sont plus que 788 aujourd’hui. Mais les élus locaux se battent pour redynamiser le territoire et attirer de nouveaux résidents, et la communauté de communes, le département et la région les appuient pour y sauvegarder l’activité économique, comme dans le cas de l’usine Alsapan entre 2018 et 2021. Alors quand l’annonce de la fermeture prochaine d’une classe dans l’école élémentaire de la Courtine est tombée, c’est la colère des locaux qui est montée.
L’école de la Courtine accueille une soixantaine d’élèves (32 primaires et 28 maternelles) en provenance de 11 communes environnantes. Alors que l’inspectrice de l’Éducation Nationale de la circonscription d’Aubusson avait apparemment assuré au maire de la Courtine qu’il n’y aurait pas de fermeture, l’annonce de la suppression d’un des 3 postes d’enseignant de l’école élémentaire a l’amer goût de la trahison et renforce un peu plus le sentiment que Paris c’est bien loin de la Creuse et que l’État abandonne les territoires ruraux à leur triste sort.
Éducation contre élections, un deal risqué mais surtout un appel au secours
Mais les élus locaux n’ont pas dit leur dernier mot et Jean-Marc Michelon, maire de la Courtine, prévient au micro de France 3 Limousin : « Sans réponse ferme et rapide des services de l’Éducation nationale, les bureaux de vote ne seront pas tenus par des conseillers municipaux. C’est une décision que nous avons prise au niveau de l’association des sources de la Creuse où nous sommes 11 maires concernés. »
Une menace qui ressemble surtout a un appel au secours et qui, pour les élus locaux, a surtout pour but de se faire entendre et qu’on « prenne contact avec eux ». Car comme le rappelle Jean-Marc Michelon, la population de la Courtine est de nouveau en augmentation depuis 2012 et il serait bien contre-productif pour l’Éducation Nationale de « casser cette dynamique positive ». Certains parents pourraient effectivement choisir de scolariser leurs enfants sur Ussel, aggravant le péril qui pèse déjà sur l’école de la Courtine.
Rappelons que, comme le rappelle la préfecture de la Creuse, la non-ouverture d’un bureau de vote est illégale, que le maire peut-être mis en demeure par le tribunal administratif et qu’il peut être démis de ses fonctions tout comme les conseillers municipaux impliqués.
Les parents d’élèves aussi se mobilisent et lancent une pétition en ligne
Les parents d’élèves, eux aussi, sont remontés contre cette décision qui signifie la mise en place d’une classe à 3 niveaux et un véritable casse-tête pour l’enseignant.e qui devra apprendre à un groupe aussi hétérogène d’une vingtaine d’élèves. D’autant que les enfants n’ont pas été épargnés à l’école ces deux dernières années avec des protocoles sanitaires contraignants à un si jeune âge et le port masque obligatoire parfois même pendant les récréations.
Les parents d’élève ont donc mis en ligne une pétition « Non à la fermeture d’une classe à l’école élémentaire de la Courtine » sur le site « change.org ».
Affaire à suivre, mais cette décision semblerait effectivement aller à contre-courant quand on constate que le confinement et la marche du Monde motivent de plus en plus de parents avec des enfants en bas âge à venir repeupler des campagnes abandonnées mais qui ont gardé un cadre de vie qui semble aujourd’hui bien plus propice à la vie que les grands centres urbains surpeuplés.