L’enclavement ferroviaire est au cœur de l’actualité locale depuis plusieurs mois maintenant, entre les déboires du POLT qui a conduit à la forte mobilisation des élus et entrepreneurs locaux, et le projet Railcoop qui n’en finit pas de reporter son lancement. En attendant, à l’ouest de chez nous la société « Le Train » semble bien partie pour lancer des TGVs au début de 2024… Petit tour d’horizon des dernières informations pour les aventuriers du rail.
Les « galères » s’enchainent sur le POLT alors que le ministre des Transports et le PDG de la SNCF sont attendus à Limoges vendredi prochain.
Au début du mois de Décembre, la suppression de plusieurs horaires matinaux sur la ligne POLT avait été la goutte d’eau qui fait déborder le vase provoquant l’ire de nombreux élus et chefs d’entreprises de Haute-Vienne et de Corrèze… Impuissants face à la lente décrépitude d’une ligne pourtant essentielle à l’activité économique et politique de Limoges et de Brive, ils ont haussé le ton pour réclamer au gouvernement que les travaux de rénovations, sans cesse repoussés, soient enfin réalisés afin que la ligne retrouve sa fiabilité et sa capacité d’antan, quand il fallait moins de 3 heures pour rejoindre la capitale depuis Limoges.
Après avoir « rétropédalé » sur la suppression des horaires, la direction de la SNCF et le ministre des transports sont toujours attendus au tournant sur le sujet de la rénovation. Et il y’a urgence puisqu’il ne se passe quasiment pas un jour sans qu’une nouvelle péripétie ne vienne perturber le trafic entre Limoges et Paris transformant le voyage des passagers du POLT en une véritable galère avec des retards de 2h à 5h et des annulations à répétition. Ici un problème de pantographe, là un caténaire défaillant… le manque de maintenance depuis 20 ans sur l’infrastructure de la ligne depuis 20 ans devient évident.
Délaissée depuis la mise en oeuvre d’une stratégie « tout TGV », dont le centre de la France se retrouve complètement exclu, la ligne POLT est en situation d’urgence et c’est ce que ne manqueront pas de rappeler à Clément Beaune et à Jean-Pierre Farandou, les membres de l’association « Urgences Ligne POLT » (créée dès… 2010 !) à l’occasion du comité trimestriel de la ligne, vendredi 17 Février à Limoges, auquel doivent assister le PDG de la SNCF et le ministre des transports.
5 week-ends de travaux sont déjà prévus sur la ligne à l’occasion des ponts de Pâques et de Mai, mais c’est bien un plan complet avec des objectifs, un budget et surtout un planning qu’il va falloir valider pour s’assurer que les promesses de l’État et de la SNCF soient enfin tenues.
Railcoop vise désormais 2024 avec un aller-retour Lyon-Bordeaux… sur 2 jours
L’autre axe ferroviaire qui intéresse les limousins c’est la ligne Lyon-Bordeaux, abandonnée par la SNCF en 2014, et sur laquelle la Société Coopérative Railcoop essaye de relancer une offre depuis plusieurs années. Confrontée à des difficultés pour boucler son budget, Railcoop ne cesse de repousser la date de lancement de son offre entre « la capitale des Gaules » et « le Port de la Lune ».
Initialement prévu en 2022, puis en 2023, le lancement des premiers trains de voyageurs sur l’axe Bordeaux-Lyon est maintenant estimé à l’horizon 2024 avec une offre bien plus frugale que les ambitions initiales de Railcoop. Dans le communiqué d’AG de la SCIC Railcoop, c’est une « option » avec un aller-retour sur 2 jours qui semble tenir la corde pour un lancement à l’été 2024. Ça serait déjà mieux que rien mais on est bien loin des 2 allers-retours quotidiens de la stratégie initiale, qui reste néanmoins l’objectif de Railcoop à long terme.
Faisant face à de nombreux refus de la part des organismes financiers et de l’État pour leur allouer les crédits nécessaires, Railcoop va devoir faire avec du matériel limité à savoir les deux rames de TER déjà acquises par la SCIC et qui sont déjà en rénovation dans les ateliers ACC M de Clermont-Ferrand. Avec 2 rames seulement sur les 8 prévues dans le plan initial, Railcoop ne peut proposer qu’un trajet par jour afin de conserver une rame de « secours » en cas de panne. Entre Bordeaux et Lyon, le trajet durerait 7h30 et desservirait les gares de Périgueux, Limoges, Guéret, Montluçon et Roanne.
Cette nouvelle « option » sera débattue et éventuellement validée en assemblée générale le 22 février prochain. Elle est sujette à un financement de 4.1 millions en 2023 et 2 millions en 2024.
Pendant ce temps-là chez nos voisins, « Le Train » lancerait ses TGV en 2024
Juste un plus à l’ouest de chez nous, une autre société veut mettre en place une offre concurrente à la SNCF entre Rennes, Nantes, Tours, la Rochelle et Bordeaux. La société « Le Train » a en effet obtenu sa licence d’entreprise ferroviaire le 24 Décembre dernier et validé une commande de 10 trains à grande vitesse à l’entreprise espagnole Talgo pour environ 300 millions d’euros.
Si ces nouveaux trains ne seront livrés qu’en 2025, « Le Train » prévoit pourtant de lancer ses premiers trajets entre Bordeaux, Angoulême, Nantes et Rennes dès le début de l’année 2024 en récupérant du matériel d’occasion auprès d’opérateurs européens. La société basée en Charente devra trouver la bagatelle de 100 millions d’euros pour mener son projet à bien mais « le Train » compte parmi ses actionnaires des banques comme le Crédit Mutuel et le Crédit Agricole et semble avoir beaucoup moins de difficulté à trouver des millions que la Railcoop…
De quoi faire enrager encore un peu plus les voyageurs en train limousins pour qui une offre fiable pour rejoindre Paris, Bordeaux ou Lyon serait déjà une belle avancée car il ne sert à rien d’avoir la « plus belle gare de France » si aucun train ne s’y arrête !