Il y’a quelques jours, nos confrères de La Dépêche révélaient que le Président de la République aurait dans l’idée de lancer un chantier visant à rediviser certaines des grandes régions nées de la réforme territoriale de 2015. Au premier plan des régions visées, la région Nouvelle-Aquitaine pourrait se voir redécouper en 3 morceaux.
Un pas en avant, trois pas en arrière… On commence à avoir l’habitude de voir, au fil des mandats présidentiels, les uns détricoter le travail des autres. Parfois, il s’agit de rétablir une situation qui n’a pas apporté les améliorations attendues, parfois il s’agit de poursuivre une lubie idéologique ou de bouleverser l’équilibre des forces politiques.
Si elle avait beaucoup de bruit lors de son annonce et de sa mise en œuvre effective, la « fusion » des régions qui a découlé de la réforme territoriale de 2015 a réorganisé l’Hexagone en 14 nouvelles régions au lieu des 22 régions auxquelles nous nous étions habitués. Les débats avaient été vifs à l’époque, de nombreuses voix s’élevant contre le redécoupage proposé, mais la mise en œuvre avait finalement aboutie et le Limousin avait rejoint la grande région Nouvelle-Aquitaine au 1er Janvier 2016.
S’en est suivi une longue phase de réorganisation qui semble désormais aboutie puisque 7 ans après, les institutions régionales semblent à nouveau bien fonctionner et qu’en ce qui concerne le Limousin, rien ne donne aujourd’hui l’impression que le territoire ait été lésé dans ce mariage forcé… Alors certes, du point de vue de vue de « l’identité », limousins, aquitains, charentais et basques n’auront probablement jamais la sensation de faire partie d’une même famille mais pour ce qui est des instances, des programmes et des subventions, et de tout ce qui relève des compétences de la région, on a plutôt l’impression que le boulot est fait.
L’objectif d’Emmanuel Macron, selon la Dépêche, serait en fait de réduire le nombre de conseillers territoriaux, comme l’avait déjà envisagé Nicolas Sarkozy, et de diminuer le pouvoir des élus de ces nouvelles « super-régions » en supprimant la fonction de conseiller départemental et de conseiller régional pour les remplacer par un mandat de conseiller territorial. De leur côté, les élus régionaux ne sont bien sûr pas du tout prêt à accepter une réduction de leur pouvoir et les élus départementaux ne veulent tout simplement pas disparaitre.
Ce « chantier » n’est pour le moment pas officiel, mais la Dépêche indique qu’il ferait partie des priorités présidentielles une fois le débat sur la réforme des retraites achevé. Voilà qui promet de nouveaux débats houleux pour le printemps ou l’été 2023. En attendant des annonces officielles et des arguments étayant les avantages d’un tel projet pour les citoyens, on ne peut que regretter que l’heure semble encore être aux tentatives de division dans une France qui semble idéologiquement plus morcelée que jamais.
Quant à savoir si le Limousin y gagnerait au change, bien malin qui pourrait le prédire mais à la lumière de la prospective de l’INSEE pour les décennies à venir et considérant que lorsque l’on est modeste il est toujours utile d’avoir des amis mieux lotis, il y’a fort à parier que redevenir une petite région de 3 départements, moins dynamique que la moyenne, ne soit pas vraiment dans notre intérêt…