Campagne des législatives anticipées : un week-end de symboles politiques dans les rues de Haute-Corrèze

À quelques jours du premier tour des élections législatives anticipées, nous avons pris le pouls de cette campagne hors normes dans la première circonscription, hautement symbolique, de la Corrèze, où les ténors de la politique locale montent au créneau pour tenter d’éviter un bis repetita des Européennes…

Un vent frais digne d’un mois d’octobre s’engouffre dans les petites rues usselloises, en ce deuxième jour d’été. Ici, dans la capitale de la Haute-Corrèze, c’est l’affluence en ce samedi matin, jour de marché. Caméras, photographes et passants, s’engouffrent dans la rue de la Liberté, la bien nommée en cette période si particulière.

« Qu’est-ce qu’il se passe ce matin ?« , lance une habituée du marché en regardant passer le convoi. Il est 10 h 30 et François Hollande, le candidat du « Nouveau front populaire » sur la circonscription Tulle-Ussel accompagné de son suppléant Philippe Brugère foulent les pavés de la ville. La campagne bat son plein, ici, en plein cœur de la « Chiraquie ».

Il faut dire que, comme ailleurs, dans cette première circonscription de la Corrèze, l’enjeu politique est fort. À droite, sous la bannière « Les Républicains », le député sortant Francis Dubois et son suppléant, Pascal Coste, le président du Conseil départemental ; à gauche, un ancien président de la République, François Hollande, et Philippe Brugère, maire de Meymac et président de « l’Association des Maires ruraux de la Corrèze ». Ici, pas de candidat de la majorité présidentielle donc, mais deux alliances de ténors politiques locaux pour faire face à la candidate du « Rassemblement national », Maïtey Pouget, qui escompte bien profiter des plus de 30 % réalisé par le RN lors des élections européennes.

Alors, dans les rues d’Ussel, on remonte le temps et l’on se rappelle les mots de l’enfant du pays, un certain Jacques Chirac prononcés en 2007 : « Ne composez jamais avec l’extrémisme, le racisme, l’antisémitisme ou le rejet de l’autre. Dans notre histoire, l’extrémisme a déjà failli nous conduire à l’abîme. C’est un poison. Il divise. Il pervertit, il détruit. Tout dans l’âme de la France dit non à l’extrémisme. »

François Hollande en campagne sur le marché d’Ussel © Jérémy Truant

Dans la ville où Chirac a fait ses premiers pas politiques, l’ancien Président de la République est dans toutes les bouches. Comme un héritage qu’on tente de faire perdurer, aux heures sombres. Un autre ancien Président de la République, François Hollande serre des mains et prend des selfies à n’en plus finir entre les étals. « On a l’habitude de le voir ici« , confie une habitante. Certains évitent la foule, d’autres s’attardent. Le retour du Tulliste sur la scène politique n’étonne pas grand monde ici. Même si, on trouve par exemple ce jeune Ussellois citant le politologue Jérôme Fourquet qui dans son essai La France d’après. Tableau politique annonçait a « fin des fiefs ». Les cartes sont finalement rebattues donc.

La veille, c’est Francis Dubois, député sortant, qui serrait des mains cette fois-ci à la salle des fêtes d’Ussel, où la Fête de la musique avait trouvé repli. Sur scène, « Singlar Blou », célèbre groupe de rock agricole local, chantait ses plus gros tubes, ponctués de quelques références aux élections. Sourires en coin dans l’assemblée.

Quelques heures plus tard, François Hollande descendait un demi de bière cul sec sous le regard des caméras et les encouragements des rugbyman de Bort-les-Orgues. Le buzz était lancé. Comme un nouveau clin d’œil au « roi des culs secs » en son temps, Jacques Chirac. La boucle est bouclée, l’enjeu politique est fort, ici, comme ailleurs à quelques jours d’un scrutin de tous les dangers.

© DR
Jérémy Truant
Jérémy Truant
Correspondant Actus Limousin
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