Le 15 août 1944, Brive-la-Gaillarde est entrée dans l’histoire en devenant la première ville de France occupée à se libérer par ses propres moyens. Les 80 ans de cet exploit, fruit d’une résistance locale organisée et déterminée, ont été célébrés tout au long de la semaine dans la cité gaillarde. D’autres temps forts sont prévus jusqu’en septembre.
La libération de Brive : un acte d’héroïsme autonome en 1944
Depuis 1940, la France était sous occupation allemande et la Corrèze vivait sous la contrainte et la répression. Mais la résistance active s’organisait clandestinement, et cherchait à affaiblir l’ennemi de l’intérieur. La région de Brive-la-Gaillarde était marquée par une forte activité résistante et considérée comme le siège des principaux mouvements et réseaux.
Au cours de l’été 1944, les forces alliées progressent en Normandie après le Débarquement du 6 juin, et la Résistance briviste décide de passer à l’action pour libérer la ville. Le 15 août, les hommes de « l’Armée secrète » lancent une série d’opérations coordonnées contre les postes de contrôle allemands et des bâtiments stratégiques. Partis d’Uzerche, les hommes de « l’Armée secrète » attaquent un blockhaus à l’entrée de Brive, près du Pont de la Bouvie. (René Dubois, l’un des résistants qui ont participé à cette action, est encore vivant et a été mis à l’honneur lors des commémorations de cette année)
Depuis quelques jours, des négociations de reddition avaient commencé, en parallèle, entre l’Armée secrète, par l’intermédiaire du sous-préfet Pierre Chaussade, et le colonel Böhmer, commandant des garnisons allemandes de Tulle et Brive. Le 15 août 1944 à 21 heures, l’acte de reddition est signé et permet à la ville de se libérer. Fait rare dans le contexte de la Libération de la France : cette victoire est obtenue sans le soutien direct des armées alliées.
Brive fut la première ville de la France occupée à se libérer par elle-même et fût distinguée, quelques années plus tard, de la Croix de guerre par le gouvernement français.
Les commémorations des 80 ans de la libération de Brive
2024 marque les 80 ans de cette page de l’histoire de Brive qui mérite plus que jamais son nom de Gaillarde ! Un programme d’animations a commencé au printemps et se poursuivra jusqu’à l’automne. Le Musée Edmond Michelet, dédié depuis les années 70 aux événements de la Résistance et la Déportation pendant la Seconde Guerre mondiale, a publié jour par jour sur son compte Instagram, depuis le début de l’année et jusqu’au 15 août, le journal tenu pendant l’occupation par Jean Goutines, adjoint au maire de la délégation spéciale qui dirigeait la ville de 1940 à 1944.
Le musée expose, jusqu’à début 2025, des toiles d’Anna Garcin Mayard, peintre et résistante, ancienne élève d’Auguste Renoir. Elle a notamment représenté avec force des scènes de la vie du camp de Ravensbrück, dans lequel elle avait été déportée. La semaine du 15 août a naturellement été riche en célébrations et commémorations.
L’ensemble de la ville s’est paré des couleurs de la libération. Des expositions d’affiches de propagande, l’une des spécificités patrimoniales du Musée Edmond Michelet, ornent la place de la collégiale Saint-Martin (jusqu’au 22 septembre). Le Musée a aussi mis en place deux applications « parcours mémoriel » concernant les monuments et stèles dans la ville.
Du 15 au 17 août, dans les jardins de la Guierle, les visiteurs pouvaient également découvrir la reconstitution d’un campement militaire allié, et l’exposition de véhicules et matériels par l’association Les passeurs de mémoire. Le 15 août au soir, un feu d’artifice sur le thème de la Libération, avec chansons des années 40, a enthousiasmé la foule.
Vendredi 16 août, le spectacle « Dernière nuit avant la Liberté », de la compagnie « Terres de légende » était proposé devant le théâtre municipal. Cette représentation en son et lumière retraçait la vie de Gustave Roche, personnage fictif, engagé volontaire fin 1939 et qui rentre chez lui après 5 ans et participe à la libération de Brive, tout en recherchant sa bien-aimée. Enfin, samedi 17 août, un bal populaire a clôturé en beauté cette semaine de célébrations.
D’autres manifestions, en particulier des conférences, sont prévues tout au long du mois de septembre, pour continuer à se souvenir de ce mois d’août 1944 qui a vu la cité corrézienne, première ville de France à se libérer par ses propres moyens.