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Région Limousin
lundi 16 septembre 2024

Les « Voies Vertes Pâles » ou les mobilités douces à la sauce corrézienne…

Afin d’encourager les déplacements en mobilités douces, le département de la Corrèze a lancé une expérimentation baptisée « Voies Vertes Pâles » entre Auriac et les Tours de Merle et entre Argentat et Beaulieu-sur-Dordogne. Une initiative à saluer, dans un département en retard sur les mobilités douces, mais dont la dénomination semble néanmoins trompeuse…

Si vous avez « vadrouillé » autour du plateau de Millevaches et du Lac de Vassivière cet été, vous avez sans doute remarqué la présence de ces vélo-voyageurs qui arpentent les petites routes limousines à la découverte d’un territoire dont les beaux atours estivaux s’apprécient pleinement au rythme modéré de la bicyclette. Le Limousin, avec ses grands espaces et ses reliefs doux a tout pour être un paradis pour cyclo-touristes et plusieurs grands itinéraires, comme « la Vagabonde » ou « la Vélidéale » commencent à mailler le territoire.

Mais il faut bien avouer que, même dans les plus grandes agglomérations, on est encore loin du compte en terme de praticabilité cycliste et que se déplacer à vélo en zone rurale requiert autant de conviction que de tolérance au risque, en l’absence de pistes cyclables ou même d’un simple accotement stabilisé pour se ranger au passage d’un véhicule trop rapide et/ou imposant…

Alors certes, les finances départementales sont restreintes et le réseau routier est immense mais comment peut-on initier une cohabitation saine entre les automobilistes et les autres usagers sur les routes limousines ?

La Corrèze expérimente des « Voies Vertes… Pâles »

Dans le sud de la Corrèze, sur le territoire de la communauté de communes de Xaintrie Val’ Dordogne, le département a décidé d’expérimenter des voies partagées baptisées « Voies Vertes Pâles » entre Argentat et Beaulieu-sur-Dordogne (24 km) et entre Auriac et Les Tours de Merle (22 km).

Les premières « Voies Vertes Pâles » en Corrèze © Département de la Corrèze

Ces itinéraires empruntent des axes secondaires à faible trafic sur lesquels a été installé une signalétique spécifique informant les automobilistes qu’ils arrivent sur une voie partagée et qu’ils doivent adapter leur conduite (vitesse, distance de sécurité…) à la présence potentielle d’autres usagers sur le tronçon. Cette expérimentation vise à renforcer la visibilité des points d’intérêt touristiques du département et de développer les modes de déplacements doux et le tourisme d’itinérance.

Une appellation très ambiguë…

Si cette initiative est louable bien que modeste (on parle de 46 km sur les 4700 km du réseau routier départemental), le choix de la dénomination a de quoi prêter à confusion. En effet, dans l’esprit des usagers comme au sens plus strict de la loi, une voie verte est une « route exclusivement réservée à la circulation des véhicules non motorisés à l’exception des engins de déplacement personnel motorisés¹, des cyclomobiles légers, des piétons et des cavaliers ».

Les deux itinéraires sur lesquels portent l’expérimentation de la Corrèze ne sont donc pas des « voies vertes » mais bien des « voies partagées » ! Une voie verte est un aménagement en site propre, ce qui n’est pas du tout le cas des « Voies Vertes Pâles ». Et si une signalétique marque l’entrée des itinéraires, aucun balisage ou marquage spécifique sur la voirie ne vient rappeler aux automobilistes qu’ils sont sur une voie à usages multiples… Il y’a donc de fortes chances pour que cette prise de conscience s’atténue avec le temps et la force de l’habitude.

Pas sûr que l’association AF3V, qui contribue au développement et assure la promotion du réseau des véloroutes et voies vertes, ni le ministère des transports n’aient été consultés sur l’appropriation toute corrézienne du terme « voie verte » qui figure clairement dans le Code de la Route !

¹ trottinettes et patinettes électriques, gyropodes, monoroues et hoverboards…

Une nouvelle vraie « voie verte » à Bort-les-Orgues

Il n’existait à ce jour qu’une seule « voie verte » en Corrèze, celle qui relie la gare d’Aubazine à Saint-Pantaléon de Larche (17 km). Mais depuis ce printemps, des travaux ont été engagés entre Bort-les-Orgues et Cheyssac pour connecter la cité bortoise à une voie verte qui relie Ydes (17 km), sur le parcours d’une l’ancienne ligne SNCF, et qui peut être prolongée jusqu’à Vendes puis Mauriac.

L’aménagement de ce tronçon de 2.8 km a été réalisé par Haute-Corrèze Communauté, pour un montant de 1.2 M€, avec la participation financière de l’État, de l’Agence Nationale de la Cohésion des Territoires, du Ministère de la transition écologique et du département de la Corrèze. Il sera inauguré officiellement le 7 septembre prochain.

Projection de la voie verte entre Bort et Cheyssac © Haute-Corrèze Communauté

 

Ces premières initiatives en faveur du développement des mobilités douces en Corrèze sont donc très modestes mais porteuses d’espoir pour les amateurs locaux de déplacements à bicyclette. Espérons maintenant une prise en compte plus systématique de la nécessité de créer infrastructures adaptées pour développer la pratique, et non l’inverse, afin de mailler un territoire qui aurait un sacré coup à jouer en se positionnant comme un vraie destination cyclo-touristique.

Brice Milbergue
Brice Milbergue
Rédacteur en chef d'Actus Limousin

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